jeudi, décembre 12, 2024
Production et distribution du gaz à paris

En 1799, Philippe Lebon devient par une expérience réussi devant quelques paysans champenois, l’inventeur de l’industrie du gaz. Seul parmi les nombreux chimistes qui, en cette fin du 18ème siècle, distillaient toute sorte de matière pour en extraire le gaz, il comprends et prédit les usages que l’on en fera. En 1801, il fait la démonstration publique de son invention en éclairant au gaz l’hôtel de Seignelay, à Paris, mais ni les pouvoirs publics, ni les investisseurs ne s’intéressent à son thermolampe.

Un anglais du nom de Windsor en comprend, lui, tout l’intérêt : Il obtient l’autorisation pour planter quelques becs pour éclairer l’avenue Pall Mall à Londres, puis émerveilles les Parisiens en illuminant le Passage des Panoramas en 1817. Des entrepreneurs avisés constituent des compagnies pour exploiter des usines distillant du charbon à produire du gaz. En 1821, il en existe déjà quatre à Paris. Après celle de Lille en 1825, il s’en construira plus de 60 en provinces jusqu’en 1850.

Philippe Lebon

Ces usines distribuent le gaz par des canalisation en plomb ou en fonte, voire en bois, pour alimenter des becs d’abord installés dans les rues, puis dans les logements, les boutiques et les ateliers. Jusqu’à l’apparition des premiers compteurs, vers 1840, on paie sa consommation au nombres de becs posés.

Pas moins de 550 villes sont éclairées au gaz en 1872, on dénombre plus de 1 000 usines en 1888 qui alimente une population équivalente à 13 millions d’habitants. L’éclairage reste, de loin, l’utilisation la plus courante. En 1855, de nombreuse petites sociétés sont regroupées pour donner naissance à la Compagnie Parisienne d’éclairage et de chauffage par le gaz qui exploite un réseau de plus de 550km.

Une autre évolution s’annonce avec l’avènement de l’électricité. La toute fin du XIXème et le premier quart du XXème seront marqués par la lutte que se livrent gaz et électricité pour la domination du marché de l’éclairage public. Le gaz fera encore de belles étincelles avec l’éclairage de l’Exposition Universelle de 1889 (80 000 réverbères) ou l’illumination du Champ de Mars lors de celle de 1900.

Pourtant, la part du gaz dans l’éclairage diminue inexorablement pour disparaître vers 1925. Seuls certains lieux prestigieux, telle la place de la Concorde, conservent leurs réverbères jusque dans les années 1950-1960.

production et stockage du gaz

La création de l’usine à gaz de Saint-Denis est décidée en 1882 pour couvrir le besoin croissant de Paris en gaz d’éclairage et de chauffage. Le gaz manufacturé (gaz de ville) est produit par distillation de la houille aussi l’usine dépend-elle étroitement du réseau ferré et des trains de charbon provenant des mines du Nord.

Au sortir des fours et des stations d’épuration, le gaz est stocké dans des gazomètres télescopiques qui s’élèvent et s’abaissent en fonction de la quantité de gaz qu’ils contiennent. Ces « énormes cloches en fer boulonné » dont les plus grosses, hautes de 65 m, mesurent 75 m de diamètre, marquent durant plusieurs décennies le paysage de la Plaine.

Le gazomètre présente un avantage sur les autres méthodes de stockage, en ce qu’il est le seul à permettre le stockage à la pression d’utilisation : quand la pression baisse dans le réseau de distribution, sous le coup d’une forte demande par exemple, le gaz contenu dans les gazomètres est alors libéré et permet d’approvisionner les utilisateurs sans diminution de pression.

L’usine emploie plusieurs centaines d’ouvriers bretons qui effectuent un travail difficile et peu qualifié. En 1946, la loi de nationalisation confie à Gaz de France la production, le transport et la distribution du gaz de Paris et, par conséquent, la gestion de l’usine.

Dans les années 1970, l’alimentation en gaz naturel se généralise en Ile-de-France, aboutissant à l’arrêt de toute production sur le site, qui abrite aujourd’hui le centre de recherche de Gaz de France et le Stade de France.

la distribution du gaz

La distribution du gaz à Paris au XIXème siècle participe pleinement des actions entreprises pour aménager la ville. Elle fut vécue, à la fois par ceux qui produisaient le gaz et par ceux qui, à l’autre bout de la chaîne de distribution, en étaient les consommateurs, comme un élément fondamental de la modernité urbaine.

La construction de ce sytème de canalisations et de conduites fut le résultat d’une politique commerciale et la solution d’impératifs techniques, dont la gestion était de toute façon encadrée par des règles administratives qui démontrent la nature de « Service Public » acquise par la distribution du gaz.

La Compagnie Parisienne d’Eclairage et de Chauffage par le gaz, née en 1855 du regroupement des 6 compagnies existantes dans Paris, se trouva dans une situation de monopole pour la distribution du gaz pendant la seconde moitié du XIXème siècle. Il lui fallait cependant faire fructifier l’héritage reçu des concessionnaires précédents, qui, pour des raisons admistratives et techniques, avaient déjà largement développé leurs réseaux au sein de leus quartiers respectifs.

La création du réseau de distribution a d’autres part dépendu des réponses apportées aux problèmes techniques, qui, s’ils n’avaient pas été résolus, auraient créer des limites technologiques à l’expansion gazière.

Quelle que soit la date d’observation du réseau, son principe de fonctionnement, très simple, est toujours le même. Le gaz fabriqué dans les usines, disposées à la périphérie, était recueilli dans les gazomètres puis dirigé sur Paris par de grandes conduites maîtresse qui convergeaient vers les centres de consommations.

Ces conduites principales, reliées entre elles par d’autres tuyaux de dimension inférieure, qui se ramifiaient elles-mêmes à l’infini. Le plan de canalisation évolua bien sur au fur et à mesure des augmentations de la consommation de gaz et constitua un maillage souterrain très dense qui justifie l’appelation de « Réseau ».

Le débit régulier de gaz était ainsi assuré par l’existence d’une trame aux liaisons multiples et par la connexion des usines permettant de pallier à la défection de l’une d’elles.