Après les débuts de l’électrification de Paris en 1889 où la Ville de Paris accorde des concessions à 6 compagnies différentes, de nombreuses usines de production d’électricité furent construites autour de Paris afin d’alimenter une demande en forte croissance dans la région. Si nous remontons le cours de la Seine de Saint-Denis à Vitry-sur-Seine, nous découvrons 15 centrales pouvant produire au total 415 MW.
L’ensemble de ces usines alimente Paris et sa banlieue pour l’éclairage, la force motrice et pour la traction des différents moyens de transports de la région (chemins de fer, tramways, omnibus).
Les centres de productions sont situés principalement au nord de la région parisienne compte tenu de l’industrialisation importante de ce secteur, au sud-ouest et enfin dans une moindre mesure au sud-est. Toutes les usines sont situées à proximité immédiate de la Seine afin de faciliter l’approvisionnement en charbon et d’obtenir la source froide nécessaire au fonctionnement des centrales. Une seule usine subsiste dans Paris intra-muros (l’usine de Bercy alimentant le métro).
Les Centrales de production en Ile de France
L’usine de la Compagnie Saint-Denis-Édison, mise en service en 1900 pour alimenter les nouvelles sous-stations de la Compagnie continentale Édison dans Paris. La puissance totale de 40 MW est produite en haute tension, en courant continu 2 x 2 200 volts.
Au sud-ouest de Paris, 5 usines centrales sont installées
L’usine Sud de la Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité (C.P.D.E), mise en service comme l’usine Nord en 1914 fournit une puissance de 25 MW avec 3 groupes turbo-alternateurs en courant diphasé 12 300 volts, 42 hertz. Elle alimente avec l’usine Nord le réseau parisien.
Enfin au sud-est de Paris, il existe 3 usines centrales
L’usine de Vitry-sur-Seine de la Compagnie Générale de Distribution d’Énergie Électrique construite par la compagnie Thomson Houston pour alimenter les tramways de la Compagnie Générale Parisienne de Tramways. Elle dessert également les abonnés de la banlieue sud par l’intermédiaire de la compagnie Sud Lumière ainsi que d’autres compagnies de transports. La puissance totale de l’usine est de 36 MW, elle produit du courant triphasé 13 500 volts, 25 hertz.
Le bilan total des moyens de production électrique en région parisienne en 1914 fait apparaître une puissance totale de 415 kW qui pourrait rapidement atteindre 450 MW avec des augmentations de puissance prévues dans certaines centrales. Ce bilan est incomplet car il faudrait y ajouter des productions dans certains îlots parisiens et en banlieue et enfin partout, un grand nombre d’industriels qui produisent leur énergie eux-mêmes.
Cette période a permis à plusieurs sociétés de mettre au point des contrats de secours mutuels ou de fournitures d’appoints. On voyait dès cette époque qu’on se dirigeait lentement vers un consortium qui engloberait peu à peu presque toutes ces centrales pour former un trust de la production de l’énergie électrique en région parisienne, afin de diminuer les pannes les plus sérieuses, mais qui nécessitera une harmonisation des tensions et fréquences des courants produits afin de faciliter les échanges et les interconnexions.
Michel Dussaux