jeudi, novembre 14, 2024
Les Centrales de production en Ile de France

Après les débuts de l’électrification de Paris en 1889 où la Ville de Paris accorde des concessions à 6 compagnies différentes, de nombreuses usines de production d’électricité furent construites autour de Paris afin d’alimenter une demande en forte croissance dans la région. Si nous remontons le cours de la Seine de Saint-Denis à Vitry-sur-Seine, nous découvrons 15 centrales pouvant produire au total 415 MW. 

L’ensemble de ces usines alimente Paris et sa banlieue pour l’éclairage, la force motrice et pour la traction des différents moyens de transports de la région (chemins de fer, tramways, omnibus).

Les centres de productions sont situés principalement au nord de la région parisienne compte tenu de l’industrialisation importante de ce secteur, au sud-ouest et enfin dans une moindre mesure au sud-est. Toutes les usines sont situées à proximité immédiate de la Seine afin de faciliter l’approvisionnement en charbon et d’obtenir la source froide nécessaire au fonctionnement des centrales. Une seule usine subsiste dans Paris intra-muros (l’usine de Bercy alimentant le métro).

Les Centrales de production en Ile de France

L’usine de la Compagnie Saint-Denis-Édison, mise en service en 1900 pour alimenter les nouvelles sous-stations de la Compagnie continentale Édison dans Paris. La puissance totale de 40 MW est produite en haute tension, en courant continu 2 x 2 200 volts.

L’usine de la Société d’Électricité de Paris (S.E.P) construite en 1904, à Saint-Denis, pour alimenter le métro et les secteurs de Paris. La production d’une puissance totale de 72 MW se fait à partir de 11 turbo-alternateurs, 6 alimentent le métro en courant triphasé 10 150 V 25 Hz, les 5 autres produisent du courant diphasé 12 300 V 42 Hz.
L’usine Nord de la Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité (C.P.D.E) construite en 1914 et située à Saint-Ouen, elle comporte 8 turbo-alternateurs pour une puissance totale de 75 MW. Le courant est produit en 12 300 volts alternatif, diphasé à 42 hertz. Elle alimente avec l’usine sud (voir plus loin) les sous-stations installées dans Paris.
L’usine de la Société d’Éclairage et de Force installée à Saint-Ouen en 1889 pour alimenter partiellement le secteur de Paris dont cette société avait obtenu la concession ainsi que la banlieue nord en diphasé basse tension. La puissance installée est de 7,5 MW, elle fournit du courant alternatif diphasé 6 000 volts, 42 hertz.
L’usine de la Société Le Triphasé d’Asnières fondée en 1900 d’abord pour alimenter le territoire dans Paris de la Société du Secteur de la Place Clichy et dont elle est une filiale, puis alimentera les 2 usines d’assainissement de la Ville de Paris et enfin les abonnés des communes environnantes ainsi que la société du Tramway de Paris et du Département de la Seine. La puissance totale de la centrale est de 44,4 MW pour moitié en courant triphasé 5 500 volts, 25 hertz et l’autre moitié en courant diphasé 12 300 volts, 42 hertz. L’usine de la société l’Engrais Complet qui produit de l’électricité à partir de l’incinération des ordures ménagères située à Saint-Ouen, fournit une puissance d’appoint de 2 MW en courant alternatif triphasé 5 500 volts, 25 hertz. 

Au sud-ouest de Paris, 5 usines centrales sont installées

L’usine de la Société de l’Énergie Electrique en Région Parisienne est construite en 1898 à Issy-les-Moulineaux pour alimenter le réseau électrique en traction, lumière et force de la Société du Chemin de fer de l’État. La puissance totale est 7,2 MW fournissant du courant triphasé 5 500 volts, 25 hertz. L’usine d’incinération des ordures ménagères établie par la société l’Engrais Complet et située à proximité, fournit un complément de 900 kW.
L’usine de Billancourt de la Compagnie Générale de Distribution d’Énergie Électrique mise en service en juillet 1914 fournit une puissance de 18 MW à la Compagnie Générale des Omnibus utilisée uniquement pour la traction.
L’usine d’Issy-les-Moulineaux édifiée à l’origine par le Secteur de la Rive Gauche à Paris pour alimenter son propre réseau parisien va être peu à peu utilisée pour la banlieue sud. La puissance  totale installée est 16 MW, dont 8 MW en courant monophasé 3 000 volts (matériel ancien), 42 hertz et  8 MW en diphasé 3 000 volts.

L’usine Sud de la Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité (C.P.D.E), mise en service comme l’usine Nord en 1914 fournit une puissance de 25 MW avec 3 groupes turbo-alternateurs en courant diphasé 12 300 volts, 42 hertz. Elle alimente avec l’usine Nord le réseau parisien.

Enfin au sud-est de Paris, il existe 3 usines centrales

L’usine de Vitry-sur-Seine de la Compagnie Générale de Distribution d’Énergie Électrique construite par la compagnie Thomson Houston pour alimenter les tramways de la Compagnie Générale Parisienne de Tramways. Elle dessert également les abonnés de la banlieue sud par l’intermédiaire de la compagnie Sud Lumière ainsi que d’autres compagnies de transports. La puissance totale de l’usine est de 36 MW, elle produit du courant triphasé 13 500 volts, 25 hertz.

L’usine de la société des Tramways de l’Est Parisien installée au sud de Vitry-sur-Seine alimente exclusivement le réseau de cette Société. La puissance totale est de 6,4 MW en courant triphasé 5 000 volts, 25 hertz.
L’usine de la Société Est Lumière construite à Alfortville en 1900 pour fournir exclusivement l’éclairage et la force motrice des abonnés dans les communes limitrophes du sud et de l’est de Paris, il n’y a pas de fourniture pour la traction. La puissance totale de cette usine est de 10,6 MW fournissant un courant triphasé 5 000 volts, 50 hertz.
Une seule usine centrale est encore installée à l’intérieur dans Paris, il s’agit de l’usine de Bercy construite en 1900 pour alimenter le métro. La puissance totale est de 14,4 MW en courant triphasé 5 000 volts, 25 hertz.

Le bilan total des moyens de production électrique en région parisienne en 1914  fait apparaître une puissance totale de 415 kW qui pourrait rapidement atteindre 450 MW avec des augmentations de puissance prévues dans certaines centrales. Ce bilan est incomplet car il faudrait y ajouter des productions dans certains îlots parisiens et en banlieue et enfin partout, un grand nombre d’industriels qui produisent leur énergie eux-mêmes.

Cette période a permis à plusieurs sociétés de mettre au point des contrats de secours mutuels ou de fournitures d’appoints. On voyait dès cette époque qu’on se dirigeait lentement vers un consortium qui engloberait peu à peu presque toutes ces centrales pour former un trust de la production de l’énergie électrique en région parisienne, afin de diminuer les pannes les plus sérieuses, mais qui nécessitera une harmonisation des tensions et fréquences des courants produits afin de faciliter les échanges et les interconnexions.

Michel Dussaux